Gustave Caillebotte
J'aime beaucoup les impressionnistes en général… et Caillebotte tout particulièrement !
D'emblée, j'ai adoré ses peintures. Je pourrais difficilement juger de leur "intérêt" technique ou artistique, mais chacune d'entre elles me donne l'impression d'être Mary Poppins et d'avoir sauté dans un tableau à la craie sur le trottoir. Or donc: j'aime, j'aime, j'aime !!
Il y a quelques temps, j'ai eu l'occasion de me pencher un peu plus sur la vie de Gustave Caillebotte. Et je dois admettre que je suis assez admirative : peintre, collectionneur, mécène… il vit ses passions (peinture, navigation, philatélie, …) à fond. Il expose ses œuvres, mais ne pense pas trop à les vendre… par contre il est tout ce qu'il y a de plus efficace lorsque il s'agit de soutenir (financièrement et activement) ses amis impressionnistes. Il sera d'ailleurs longtemps plus reconnu comme mécène que comme artiste.
Comme j'aime bien partager mes coups de cœurs… je voulais vous en parler un peu !
(Amis connaisseurs soyez indulgents !)
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Le 19 août 1848, naît à Paris (Faubourg-Saint-Denis) le petit Gustave Caillebotte.
Fils ainé de Martial et Céleste, il a déjà un grand ½ frère, Alfred. Suivront encore René et Martial.
En 1868, la famille emménage dans son Hôtel Particulier (à l'angle des rues Miromesnil et de Lisbonne). Gustave y établira son 1er atelier.
Licencié en droit en 1870, il est enrôlé dans la garde nationale mobile de la Seine lorsque la France déclare la guerre à la Prusse.
Démobilisé en 1871, il effectue plusieurs voyages avec ses frères et avec son père (Suède, Norvège, Italie).
Il renonce bien vite à une carrière juridique et devient l'élève de Léon Bonnat.
En 1873, il réussi le concours d'entrée à l'Ecole nationale et spéciale des beaux-arts, qu'il fréquentera cependant peu assidûment.
Son père décède en 1874, laissant derrière lui une fortune considérable. Gustave mettra sa part à profit pour se consacrer entièrement à sa passion pour la peinture et devenir le mécène de ses amis.
En 1875, l'un de ses tableaux, Les raboteurs, est refusé au Salon officiel
Il prend sa revanche en 1876, en exposant 8 de ses œuvres lors de la 2ème exposition impressionniste.
Son frère René décède en novembre de la même année. Très troublé et déjà collectionneur, Gustave rédige alors son testament (il a 28 ans):
"Je donne à l'Etat les tableaux que je possède; seulement, comme je veux […] que ces tableaux n'aillent ni dans un grenier ni dans un musée de province, mais bien au Luxembourg et plus tard au Louvre, il est nécessaire qu'il s'écoule un certain temps avant l'exécution de cette clause jusqu'à ce que le public, je ne dis pas comprenne, mais admette cette peinture. Ce temps peut être de vingt ans ou plus; en attendant, mon frère Martial, et à son défaut un autre de mes héritiers, les conservera. Je prie Renoir d'être mon exécuteur testamentaire et de vouloir bien accepter un tableau qu'il choisira; Mes héritiers insisteront pour qu'il en prenne un important."
Il prend une part très active à la 3ème exposition impressionniste en 1877: organisation, soutien financier… il y expose également 6 de ses toiles et quelques unes de sa collection.
Les bords de l'Yerres lui inspirent plusieurs scènes de baignades et de périssoires.
En 1878, pour cause de tensions dans le groupe, il n'y aura pas d'exposition impressionniste.
Au décès de sa mère le 20 octobre, il décide de partager un appartement avec son frère Martial (Bd Haussmann). Il y peindra nombre de ses "vues plongeantes".
Lors de la 4ème exposition impressionniste en 1879, il expose ainsi 25 tableaux.
Un petit moment de la vie des Caillebottes:
derrière le peintre Gustave, son frère Martial lit le journal.
Au mur, l'une des acquisitions de Gustave:
le Bal du Moulin de la Galette d'Auguste Renoir.
Et rebelote en en 1880, avec 11 oeuvres de plus pour la 5ème exposition impressionniste.
En 1881, il renonce à participer à la 6ème expo impressionniste tant les désaccords au sein du groupe sont grandes.
Cette année-là, il fait l'acquisition d'une maison au Petit Gennevilliers. Dorénavant, il passera l'hiver à Paris et l'été à la campagne…
Il présentera 17 tableaux à l'occasion de la 7ème exposition impressionniste en 1882.
Il passe de plus en plus de temps au Petit Gennevilliers, en compagnie de Charlotte Berthier (de son vrai nom: Anne-Marie Hagen).
Il y reçoit régulièrement ses amis, notamment Renoir, dont il est très proche.
Il ne participera pas à la 8ème et dernière expo impressionniste en 1886. En revanche, 10 de ses œuvres sont exposées à New York, aux American Art Galleries puis à la National Academy of Design.
Au mariage de Martial en 1887, il s'installe définitivement au Petit Gennevilliers. D'acquisitions en acquisitions, son terrain dépasse maintenant l'hectare…
Outre évidemment la peinture, il partage son temps entre 2 passions: le jardinage et le bateau.
En 1888, il est invité à présenter 8 de ses œuvres au Salon des XX, à Bruxelles.
Il expose également 6 toiles chez Durand-Ruel, à Paris, lors de l'exposition "Peintres impressionnistes et postimpressionnistes".
Il décède au Petit Gennevilliers le 21 février 1894, et rejoint le caveau familial au cimetière du Père Lachaise.
A sa mort, sa collection comporte une septantaine de tableaux de Degas, Manet, Cézanne, Monet, Renoir, Sisley, Pissarro et Millet… Après 2 ans de négociations houleuses, Le Luxembourg en acceptera avec peine une quarantaine. Sur l'insistance d'Auguste Renoir, son exécuteur testamentaire, 2 créations de Caillebotte s'ajouteront à ce legs. Gustave, lui, n'y avait même pas pensé…